Ici, c’est interdit
Audrey regardait bêtement les roses, comme si elle rêvassait ou pire, comme si elle n’en avait jamais vues et qu’elle se demandait quelles étaient ces étranges créatures rouges.
Un peu plus loin, couché à plat ventre sur la pelouse, sans voir les petites fourmis qui se dépêchaient entre les herbes, Kévin regardait sottement devant lui, comme s’il s’attendait à voir surgir on ne sait quelle bestiole ou pire, un démon venu directement des enfers.
Au bout d’un moment, Audrey et Kévin donnèrent signe de vie en bougeant légèrement. Audrey finit par se retourner et elle s’étonna :
- Ah ! mais, qu’est-ce que tu fais là, Kévin ?
Kévin sursauta, se leva et répondit :
- Et toi, tu n’es pas ? Tu n’es pas ? Où ça ?
- Eh bien non, pas en Avignon. Comme tu peux le constater, nous sommes revenus tous les deux dans le jardin de la Maison bleue.
Ils partirent dans un grand éclat de rire.
Machinalement, Audrey plia la feuille de papier qu’elle tenait dans la main, la mit dans sa poche.
Ils se précipitèrent dans les bras l’un de l’autre et s’embrassèrent passionnément. Cette fois, Audrey trouva que Kévin sentait le romarin et que ses lèvres avaient un goût de myrtilles sauvages. Kévin, lui, sentit une odeur de fraises des bois et un goût de framboises.
Par-dessus le pantalon, Kévin glissa ses mains sur les fesses d’Audrey qui réagit aussitôt en le regardant d’un air sévère. Elle lui saisit les bras au-dessus des poignets et lui dit :
- Ici, c’est interdit.
Puis elle les remonta au niveau de sa taille, en murmurant gentiment :
- Là, ça va.
Ils s’embrassèrent tendrement. Un baiser au goût sucré de miel.
Mais ni lui ni elle ne sentirent l’odeur citronnée et le goût piquant du gingembre.